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CH. VI. LES CLIENTS S’AFFRANCHISSENT.

différent des clients de l’époque primitive que ces plébéiens du temps de Cicéron qui se disaient clients d’un riche pour avoir droit à la sportule.

Il y a quelqu’un qui ressemble mieux à l’ancien client, c’est l’affranchi. Pas plus à la fin de la république qu’aux premiers temps de Rome, l’homme en sortant de la servitude ne devient immédiatement homme libre et citoyen. Il reste soumis au maître. Autrefois on l’appelait client, maintenant on l’appelle affranchi ; le nom seul est changé. Quant au maître, son nom même ne change pas ; autrefois on l’appelait patron, c’est encore ainsi qu’on l’appelle. L’affranchi, comme autrefois le client, reste attaché à la famille ; il en porte le nom, aussi bien que l’ancien client. Il dépend de son patron ; il lui doit, non-seulement de la reconnaissance, mais un véritable service, dont le maître seul fixe la mesure. Le patron a droit de justice sur son affranchi, comme il l’avait sur son client ; il peut le remettre en esclavage pour délit d’ingratitude[1]. L’affranchi rappelle donc tout à fait l’ancien client. Entre eux il n’y a qu’une différence : on était client autrefois de père en fils ; maintenant la condition d’affranchi cesse à la seconde ou au moins à la troisième génération. La clientèle n’a donc pas disparu ; elle saisit encore l’homme au moment où la servitude le quitte ; seulement, elle n’est plus héréditaire. Cela seul est déjà un changement considérable ; il est impossible de dire à quelle époque il s’est opéré.

On peut bien discerner les adoucissements successifs

  1. Digeste, XXV, 2, 5 ; L, 16, 195. Valère Max., V, 1, 4. Suétone, Claude, 25. Dion Cassius, LV. La législation était la même à Athènes ; voy. Lysias et Hypéride dans Harpocration, vo ἀποστάσιον. Démosth., in Aristogitonem, et Suidas, vo ἀναγκαῖον.