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LIVRE III. LA CITÉ.

la coiffure des femmes[1]. Celle d’Athènes interdisait aux femmes d’emporter en voyage plus de trois robes[2].

Il s’en fallait de beaucoup que l’éducation fût libre chez les Grecs. Il n’y avait rien au contraire où l’État tînt davantage à être maître. À Sparte, le père n’avait aucun droit sur l’éducation de son enfant. La loi paraît avoir été moins rigoureuse à Athènes ; encore la cité faisait-elle en sorte que l’éducation fût commune sous des maîtres choisis par elle. Aristophane, dans un passage éloquent[3], nous montre les enfants d’Athènes se rendant à leur école ; en ordre, distribués par quartiers, ils marchent en rangs serrés, par la pluie, par la neige ou au grand soleil ; ces enfants semblent déjà comprendre que c’est un devoir civique qu’ils remplissent. L’État voulait diriger seul l’éducation, et Platon dit le motif de cette exigence : « Les parents ne doivent pas être libres d’envoyer ou de ne pas envoyer leurs enfants chez les maîtres que la cité a choisis ; car les enfants sont moins à leurs parents qu’à la cité[4]. » L’État considérait le corps et l’âme de chaque citoyen comme lui appartenant ; aussi voulait-il façonner ce corps et cette âme de manière à en tirer le meilleur parti. Il lui enseignait la gymnastique, parce que le corps de l’homme était une arme pour la cité et qu’il fallait que cette arme fût aussi forte et aussi maniable que possible. Il lui enseignait aussi les chants religieux, les hymnes, les danses sacrées, parce que cette connaissance était nécessaire à la bonne exécution des sacrifices et des fêtes de la cité[5].

  1. Fragm. des histor. grecs, coll. Didot, t. II, p. 129 et 211.
  2. Plutarque, Solon, 21.
  3. Aristoph., Nuées, 960-965.
  4. Platon, Lois, VII.
  5. Aristoph., Nuées, 966-968.