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LIVRE III. LA CITÉ.

car elle disait aux hommes : il y aura impiété à offrir aux dieux une libation avec le vin d’une vigne non taillée[1].

Toute cité avait une fête pour chacune des divinités qu’elle avait adoptées comme protectrices, et elle en comptait souvent beaucoup. À mesure que le culte d’une divinité nouvelle s’introduisait dans la cité, il fallait trouver dans l’année un jour à lui consacrer. Ce qui caractérisait ces fêtes religieuses, c’était l’interdiction du travail, l’obligation d’être joyeux, le chant et les jeux en public. La religion athénienne ajoutait : gardez-vous dans ces jours-là de vous faire tort les uns aux autres[2].

Le calendrier n’était pas autre chose que la succession des fêtes religieuses. Aussi était-il établi par les prêtres.

À Rome on fut longtemps sans le mettre en écrit ; le premier jour du mois, le pontife, après avoir offert un sacrifice, convoquait le peuple et disait quelles fêtes il y aurait dans le courant du mois. Cette convocation s’appelait calatio, d’où vient le nom de calendes qu’on donnait à ce jour-là.

Le calendrier n’était réglé ni sur le cours de la lune ni sur le cours apparent du soleil ; il n’était réglé que par les lois de la religion, lois mystérieuses que les prêtres connaissaient seuls. Quelquefois la religion prescrivait de raccourcir l’année et quelquefois de l’allonger. On peut se faire une idée des calendriers primitifs, si

  1. Varron, VI, 16. Virgile, Géorg., I, 340-350. Pline, XVIII, 29. Festus, vo Vinalia. Théophr., Caract., 3. Plutarque, Quest. rom., 40 ; Numa, 14.
  2. Loi de Solon, citée par Démosthènes, in Timocrat.