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Ce que nous n’avons pas trouvé dans l’Empire romain, le trouverons-nous dans l’ancienne Germanie?

Tacite décrit avec assez de netteté les institutions politiques des Germains. Il montre chez chacun de ces peuples un organisme politique qu’il appelle civitas, c’est-à-dire une cité ou un État[1]. Dans cet État, il existe une assemblée politique de tous les hommes libres; c’est le vrai souverain[2]. Souvent les magistrats sont élus; quelquefois il y a des rois héréditaires, rarement des rois absolus[3]. Tout cela est le contraire des institutions féodales. Il existe partout une classe noble; mais cette noblesse n’a rien de féodal. Elle ne constitue pas une hiérarchie de suzerains et de vassaux. Elle ne découpe pas le sol en seigneuries. La justice est rendue au nom de l’État. Le régime qui est en vigueur en Germanie, c’est le régime de l’État sous la forme républicaine ou monarchique; ce n’est pas la féodalité.

Voilà un premier point acquis. Mais il reste à cher-

  1. Tacite, Germanie, c. 8, 12, 13, 14, 15, 30, 37, 41, 44. De même César, De bello gallico, VI, 25. César et Tacite emploient aussi, au sujet des Germains, le mot populi, terme qui dans la langue latine impliquait toujours l’idée d’une organisation politique.
  2. Ibidem, c. 14: De minoribus rebus principes consultant, de majoribus omnes; ita tamen ut ea quoque quorum penes plebem arbitrium est, apud principes pertractentur. Coeunt… certis diebus… Considunt armati; silentium per sacerdotes imperatur… Rex vel princeps… audiuntur.
  3. Ibidem, c. 7, 11, 25, 42, 43, 44, 45.