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mée. Les institutions ont d’ordinaire une élaboration lente; les recherches historiques sont lentes aussi, parce qu’elles doivent retrouver et presque reproduire cette longue élaboration des faits.

Avant le fief, il y a eu le bénéfice, la précaire, la recommandation, la truste et la fidélité. Toutes ces choses ne sont pas précisément la féodalité, mais elles y mènent. Le bénéfice n’est pas le fief, mais il deviendra le fief. Nous devons donc étudier ces institutions et ces pratiques.

Pour comprendre les choses féodales, nous en chercherons l’origine et nous remonterons aussi haut qu’il nous sera possible. Notre préoceupation des origines n’est pas une pure curiosité: elle est une partie essentielle de la méthode historique; elle est une des règles les plus nécessaires de l’histoire. Cela tient à la nature même de cette science. L’histoire est proprement la science du devenir. Elle étudie moins l’être en soi que la formation et les modifications de l’être. Elle est la science des origines, des enchaînements, des développements et des transformations.

Nous commencerons par nous demander si les institutions féodales existaient, fût-ce en germe, avant les invasions germaniques ou si elles n’ont paru qu’après elles; nous chercherons si la première origine s’en trouve dans quelque institution de l’Empire romain ou dans quelque coutume de la vieille Germanie.