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souvenirs d’une actrice.

voyager à frais communs. Nos arrangements furent bientôt faits ; mais, dans la crainte de manquer de chevaux de poste, car ils étaient souvent en réquisition, nous primes un voiturier, qui nous assura qu’il trouverait des relais sur la route. Nous nous munîmes de provisions, autant qu’il nous fut possible d’en emporter, car ce n’était pas chose facile : non-seulement elles étaient rares, mais on les enlevait à ceux qu’on supposait en avoir.

En faisant nos arrangements dans la voiture, mon compagnon de voyage voulut absolument me faire prendre ma guitare ; je m’en souciais d’autant moins que c’était un embarras inutile.

— Qui sait, me dit-il, si nous étions obligés de rester en route, cela vous amuserait.

Ne pouvant la mettre dans un étui qui aurait tenu trop de place, on la suspendit au-dessus de nos têtes. Par un singulier hasard, ce fut une heureuse prévision d’avoir emporté cet instrument.

Tant que nous fûmes près de Paris, nous eûmes beaucoup de peine à nous procurer ce dont nous avions besoin ; mais à mesure que nous avancions,