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souvenirs d’une actrice.

figurais que l’auteur devait être un cavalier charmant, aux manières élégantes et nobles ; enfin un homme accompli. Un jour, j’entendis prononcer le nom de Louvet chez madame de Condorcet, où j’étais avec Julie Talma. C’était en 1794, après la terreur ; on parlait de la proscription de ce député, et d’une brochure qu’il venait de publier. Dans cet opuscule, il faisait connaître minutieusement la manière dont il avait échappé à la mort par les soins et la tendre sollicitude d’une femme, qui depuis fut la sienne, et qu’il nommait Lodoïska. Je voulus avoir cette brochure, et je la lus avec un vif intérêt. On ne manque jamais de se tracer en idée, sous des couleurs ravissantes, l’image des héros dont on sait l’histoire. Je m’imaginais que le chevalier de Faublas était devenu un homme politique ; que la légèreté de son âge était remplacée par des formes plus sérieuses et plus nobles, et que sa Lodoïska était toujours belle et toujours adorée. Cette fiction donnait plus de prix à l’ouvrage que je lisais. Je parlai de cette brochure à Julie, et de l’intérêt que ce récit m’avait fait éprouver, sans y ajouter mes suppo-