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souvenirs d’une actrice.

tâtait le pouls : c’était le baron Desgenettes. J’étais entourée de monde, et je croyais sortir d’un rêve ; mais je ne pouvais faire un mouvement, tant ma faiblesse était grande. J’examinais tous ces uniformes. Le général Burmann, que je ne connaissais pas alors, me regardait avec intérêt. Le vieux maréchal Lefebvre s’avança et me dit : « Eh bien ! ça va-t-il ? Vous revenez de loin. »

J’appris qu’on m’avait ramassée sur la neige. On avait voulu d’abord me mettre auprès d’un grand feu, mais le baron Desgenettes s’était écrié : « Gardez-vous-en bien, vous la tueriez sur-le-champ ; enveloppez-la de toutes les fourrures que vous pourrez trouver, et mettez-la dans une chambre sans feu. »

Je restai ainsi assez long-temps. Lorsque je commençai à reprendre un peu de chaleur, le maréchal m’apporta une grande timbale de café très fort. Cela me ranima et fit circuler mon sang. « Gardez cette timbale, me dit le maréchal, elle sera historique dans votre famille… si vous la revoyez, » ajouta-t-il plus bas.

Je repartis quelques heures après dans la voiture du maréchal. Nous nous arrêtâmes le soir dans un