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souvenirs d’une actrice.

choses dont on avait besoin avec une sécurité charmante. Il n’y avait d’autre danger que d’être pris sur le fait, car alors le voleur courait risque d’être rossé. On entendait dire toute la journée : « Ah ! mon Dieu ! on a volé mon porte-manteau ; on a volé mon sac ; on a volé mon pain, mon cheval » ; et cela depuis le général jusqu’au soldat. Un jour Napoléon voyant un de ses officiers couvert d’une très belle fourrure, lui dit en riant : « — Où avez-vous volé cela ? — Sire, je l’ai achetée. — Vous l’avez achetée de quelqu’un qui dormait. » On peut juger si ce mot fut répété ; et c’est ainsi qu’il est venu jusqu’à moi.

Nous nous mîmes en route, sans pousser plus loin nos recherches, trop heureux de pouvoir traverser le pont. Ce qu’il y avait de fâcheux, c’est que le vol n’était pas brillant, car nos chevaux n’étaient rien moins que bons. Nous essayâmes en vain d’avancer ; à tout moment nous étions repoussés : « Laissez passer, disait-on, les équipages du maréchal, ceux du général un tel et puis d’un autre. Je me désespérais, lorsque j’aperçus près de moi celui qui commandait le pont de notre côté (le général la