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souvenirs d’une actrice.

nous nous y opposons. — Comment, messieurs, vous vouliez me renvoyer avec la force armée. — El à présent nous l’emploierons pour vous empêcher de sortir. »

Le lendemain, M. de Bausset vint chez moi avec le colonel Chartran, qui me fit quelques excuses polies. Je restai donc par le conseil même de M. de Bausset.

J’ai déjà dit que les grands seigneurs russes avaient des théâtres particuliers dans leur palais : celui de M. de Posnekoff était un des plus beaux, et n’avait point été brûlé ; on le fit disposer. Ce fut là qu’on nous fit jouer. On trouva des rubans et des fleurs dans les casernes des soldats, et l’on dansa sur des ruines encore fumantes. Nous jouâmes jusqu’à la veille du départ, et Napoléon fut très généreux envers nous. Il vint peu au spectacle, mais voici ce qui m’arriva, un jour qu’il lui avait pris fantaisie d’assister à une représentation. On donnait la pièce de Guerre ouverte : à la scène de la fenêtre, je chantais une romance que j’avais choisie et qui m’avait valu de beaux succès dans les salons de Moscou ; elle