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souvenirs d’une actrice.

— Oui, chez des dames qui savaient que c’était sans prétention, et qui me jugeaient d’après la complaisance que j’y mettais ; mais arriver avec un titre de chanteuse chez l’empereur, rien que la peur me paralyserait. Il est difficile et connaisseur ; pour Dieu, laissez-moi dans mon obscurité.

— Alors, me dit M. de Dausset, rejetons-nous sur le vaudeville et sur la comédie.

— Ah ! pour cela, c’est autre chose ! Je dis à M. le comte de Dausset que, puisqu’il voulait m’employer, je le priais au moins de me faire donner un logement. Il m’assura qu’il allait s’en occuper, et je rentrai toute fière de pouvoir faire mes adieux à ces messieurs ; mais j’y mis une coquetterie de femme.

Au dîner je fus fort gaie : on parla théâtre, musique, et lorsque nous fûmes sortis de table, l’on me supplia de chanter. Je ne me fis pas prier. Quand on m’eût bien accablée de compliments, je me levai et leur dis : « Messieurs, je vous fais mes adieux ; vous pourrez disposer demain de mon appartement.

— Oh ! pour cela non, me dit le général Curial,