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souvenirs d’une actrice.

d’anxiétés, on avait fait chercher les artistes qui étaient encore à Moscou, et l’on avait donné aux uns l’ordre de venir chanter au château et aux autres de jouer la comédie. Cela était assez difficile dans une ville pillée de fond en comble, où les femmes n’avaient plus de robes ni de souliers, les hommes plus d’habits ni de bottes, où il n’y avait point de clous pour les décorations, point d’huile pour les lampes, et ainsi du reste.

M. le comte de Bausset me fit prier de passer chez lui.

— Nous voulons, me dit-il, rassembler ce qui reste ici d’artistes pour donner quelques représentations et pour faire de la musique chez l’empereur. Tarquini nous a assuré que vous étiez une agréable chanteuse.

— Moi, chanter chez l’empereur ? mais, monsieur, je suis une très modeste chanteuse de romances, de petits airs, et je ne chante plus la musique italienne depuis que j’ai perdu ma voix.

— Mais vous avez chanté des duos avec Tarquini ?