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souvenirs d’une actrice.

— Non, monsieur, fis-je toute étonnée. — Mademoiselle Henriette ? — C’est ma fille, dis-je, sans trop savoir ce que je répondais.

— Et est-elle ici ?

— Mais, monsieur, je ne vois pas trop en quoi cela peut vous intéresser, pour me faire une semblable question.

— Pardonnez-moi, cela m’intéresse beaucoup, car je viens de trouver là des lettres charmantes !…

Pour rendre ceci plus clair, il faut que je dise que ma fille était partie pour la France au mois de mai 1812, et qu’étant en correspondance avec une de ses amies, mariée depuis peu de temps, ces jeunes femmes s’écrivaient des plaisanteries auxquelles les maris prenaient part, et qu’elles ne pensaient pas devoir être lues par un officier de cavalerie. Elles s’y appelaient Henriette, Betzi, de leurs noms de baptême. Ces lettres, dont j’ignorais l’existence, étaient restées dans un tiroir de ma toilette, pour en faire des papillottes. Je vis l’effet qu’elles avaient produit sur l’esprit du colonel, à l’air léger qu’il prit avec moi. « Je vous cède la place, monsieur,