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souvenirs d’une actrice.

asile en tout temps. Pendant que la ville était en feu, les soldats la parcouraient pour piller. Tout ce qui restait de femmes, d’enfants, de vieillards, se réfugièrent dans le temple. Lorsque les soldats se présentèrent, l’abbé Surrugue fit ouvrir les portes, et, revêtu de ses habits sacerdotaux, le crucifix dans les mains, entouré de ces malheureux dont il était le seul appui, il s’avança avec assurance au-devant de ces furieux, qui reculèrent avec respect. Comment ne s’est-il pas trouvé un peintre pour retracer ce tableau. Cela eût bien valu les tableaux que quelques peintres ont faits sur des incendiés qu’ils n’avaient pas vus ?

L’abbé Surrugue ayant demandé une sauve-garde pour préserver toutes ces malheureuses familles, elle lui fut promptement accordée. L’empereur Napoléon voulut le voir, et lui fit toutes les instances possibles pour l’engager à rentrer en France. « Non, lui répondit-il, je ne veux pas quitter mon troupeau, car je peux lui être encore utile. » Quoique les vivres fussent très rares, on en envoya à l’abbé Surrugue, qui les distribua comme un bon pasteur.

Quand les Français entrèrent à Moscou, j’étais