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souvenirs d’une actrice.

événements sans trouble et sans inquiétude. Avant tout ceci, j’avais mille besoins d’aisance et d’agrément dont il m’eût coûté d’être privée ; mais je sens qu’avec un peu de courage on peut tout supporter. Quand on a souffert pendant deux mois, la soif, la faim, le froid, la fatigue et la privation de tout ce qui contribue à rendre la vie paisible et agréable, on peut défier le sort et voir l’avenir avec calme.

On a écrit beaucoup d’ouvrages sur l’incendie de Moscou. Les particularités qu’on y trouve sur ce qui s’est passé dans l’intérieur de la ville, depuis le départ des Russes jusqu’à l’entrée des Français sont généralement inexactes. Les étrangers renfermés dans Moscou ont pu seuls en parler avec connaissance de cause. Celui qui a donné les détails les plus intéressants, c’est l’abbé Surrugue, curé de l’église catholique. Sa modestie lui a fait passer sous silence tout le bien qu’il a fait aux malheureux. Je me fais un devoir de le rappeler ici :

L’enceinte de l’église formait un terrain assez spacieux, qui était rempli de petites maisons en bois, où les étrangers peu fortunés trouvaient un