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souvenirs d’une actrice.

rions de rue en rue, de maison en maison. Tout portait les marques de la dévastation ; et cette ville que j’avais vue, peu de temps auparavant, si riche et si brillante, n’était plus qu’un monceau de cendres et de ruines, où nous errions comme des fantômes.

Enfin, nous eûmes l’envie de retourner dans notre ancienne maison, car nous pensions qu’elle n’était pas encore brûlée. En effet, elle était telle que nous l’avions laissée, avec cette différence, que les soldats avaient tout brisé. Nous y retrouvâmes encore des vivres que l’on y avait cachés, et qui n’avaient pas été découverts. Comme depuis la veille, nous n’avions presque rien pris, notre officier parla de dîner. On descendit une table, quelques chaises qui étaient restées entières, et l’on fit une espèce de dîner que l’on servit au milieu de la rue.

Qu’on se figure une table au milieu d’une rue où de tous côtés on voyait des maisons en flammes ou des ruines fumantes, une poussière de feu que le vent nous portait dans les yeux, des incendiaires