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souvenirs d’une actrice.

gauche, et n’avançaient rien. Ils faisaient briser une porte à coups de hache, tandis qu’il y en avait une ouverte à côté. Plusieurs officiers entrèrent dans le jardin, et nous offrirent des soldats pour nous aider. Il était d’autant moins nécessaire de se presser ainsi, que le palais était séparé de la petite maison par le jardin et les serres. À la vérité le feu pouvait gagner par les serres, comme cela est arrivé en effet, mais ce ne fut que le lendemain. Si l’on eut mieux raisonné, on eût beaucoup moins perdu. Mais la peur ne raisonne pas, et d’ailleurs les cris de la mère et de la fille bouleversaient tout le monde.

Lorsque j’eus tout fait transporter dans le jardin, je fus m’assoir à côté du portrait de ma fille ainée dont je n’avais pas voulu me séparer, et j’examinai à loisir tout ce qui se passait autour de moi. N’ayant plus ni droschki, ni calèche, je risquais fort de ne rien sauver. Je pris aussitôt mon parti ; je fis un léger paquet des choses qui m’étaient le plus nécessaires, et je le plaçai sur le droschki de l’un de nos compagnons d’infortune ; j’en fis un autre plus petit que je mis sur celui de l’officier, qui était conduit