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souvenirs d’une actrice.

bonne heure sur mon lit, et mes amis montèrent au sommet de la maison, comme les jours précédents. Tout à coup madame Vendramini redescend précipitamment, en me disant : « Venez, je vous prie, voir un météore dans le ciel ; c’est une chose singulière, on dirait une épée flamboyante : cette circonstance nous annonce quelque malheur. »


Sachant que cette dame était fort superstitieuse, je ne me souciais pas trop de me déranger ; cependant, entraînée par elle, je montai, et vis en effet quelque chose de fort extraordinaire. Nous raisonnâmes là-dessus sans y rien comprendre, et finîmes par nous endormir. À six heures du matin, on vint frapper plusieurs coups à la porte de la rue. Je courus à la chambre de mes amis : « Pour le coup, leur dis-je, nous sommes perdus, on enfonce la porte. » J’entendis cependant qu’on appelait le maître de la maison par son nom. Nous regardâmes à travers le volet, et nous vîmes une personne de notre connaissance. C’était M. de Tauriac, émigré, ancien officier du régiment du roi. « Ah ! bon Dieu !