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souvenirs d’une actrice.

il suffisait, pour que j’en fusse blessée, que celui devant qui elle désirait que je me fisse entendre, fût un Français, que je voyais pour la première fois, et qui ne connaissait pas encore la manière dont j’étais reçue dans le monde ; je ne voulais pas qu’on eût l’air de me faire venir pour amuser M. le comte de Lagear. Cette invitation étant faite d’une manière à laquelle je n’étais pas accoutumée, je pris la ferme résolution de ne pas chanter. Je fus placée à table près de M. de Lagear, qui était un homme très aimable, et nous causâmes pendant tout le dîner. Je n’en fus que plus résolue à me faire voir avec quelqu’avantage aux yeux de mon compatriote.

Aussitôt après le dîner, la comtesse fut chercher une harpe, et vint elle-même la mettre dans mes mains…

— Ah ! madame la comtesse, j’ai un regret infini de ne pouvoir répondre à votre attente, mais vous savez que je ne suis pas assez forte sur cet instrument et que je n’en joue que pour m’accompagner.