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souvenirs d’une actrice.

fort à même d’apprécier. Tout ce qui paraissait de nouveau en France, lui était aussitôt envoyé.

La comtesse possédait une grande fortune, et elle en usait avec magnificence. Sa maison de ville était riche, élégante et de bon goût. Sa campagne, à Bradzoff, était une véritable petite Suisse ; on y avait réuni les fêtes les plus pittoresques, et cela faisait d’autant plus illusion, que le climat de Moscou est beaucoup plus doux que celui de Saint-Pétersbourg.

Elle donnait des fêtes charmantes l’été, et lorsqu’on la voyait au milieu de la société brillante qu’elle avait rassemblée, courir les jardins, les labyrinthes, les forêts, dans une chaise roulante qui avait un mouvement très rapide, on eût pris cette bonne petite vieille pour la fée de cette île enchantée, tant elle était mignonne et soignée.

Elle m’avait proposé sa maison, une voiture et des gens à mes ordres, si je voulais entrer chez elle en qualité de lectrice, et je l’avais accepté ; mais je ne voulus recevoir aucun traitement, car c’eût été enchaîner ma liberté.