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souvenirs d’une actrice.

gue, avec un admirable sang-froid : ce qui mettait Adams en fureur, car il avait autant de pétulance que l’autre avait de calme. Cependant, à force de lui répéter la même chose, ils se firent un défi, et un pari s’ensuivit.

Comme ils n’avaient jamais d’argent ni l’un ni l’autre, ils s’avisèrent d’un singulier marché : ce fut de donner à eux trois, Fild, Adams et Romberg, un concert dans le carême. Mademoiselle Percheron, n’étant pas riche, quoiqu’elle gagnât beaucoup à donner des leçons, on résolut qu’elle en ferait partie. Il fut convenu entre les trois associés qu’ils paieraient conjointement les frais de la toilette de Percherette ; mais que, si Adams parvenait à se faire aimer d’elle, il paierait ses atours ; sinon, ce serait Fild. Romberg, qui n’était pour rien dans cette affaire, se trouvait hors de cause, quoi qu’il arrivât.

Quoiqu’Adams n’eût que trois mois pour se faire aimer de Percherette, il prétendit que ce temps était plus que suffisant ; mais il se trompa. Pour s’en dédommager il voulut s’amuser un moment aux dépens de son ami, et savoir jusqu’où pouvait