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souvenirs d’une actrice.

Fild a toujours habité les pays étrangers, et particulièrement la Russie, où il aurait pu acquérir une grande fortune, s’il n’eût eu toute la singularité des artistes, et l’originalité que l’on rencontre souvent dans les personnes de sa nation ; il en portait le cachet, même dans ses compositions. Anglais d’origine, élève de Clémenti, il avait surpassé son maître, et l’emportait de beaucoup sur Stebelt pour l’exécution.

Fild avait de l’esprit, et son accent, qu’il avait conservé dans toute sa pureté, son bégaiement, rendaient fort comiques ses reparties remplies de finesse. Il était d’une figure agréable, et son regard annonçait du génie ; mais c’était bien de lui qu’on aurait pu dire : « qu’il était le gentilhomme le plus débraillé… » Distrait, indolent, paresseux, on ne concevait pas comment le génie avait pu se loger au milieu de tant de désordre. Son indolence et son insouciance étaient telles, que c’était pour lui un supplice d’aller dans le monde, où il fallait avoir un peu de tenue, à cette époque surtout, car les pantalons, les bottes, les cravates de couleur, ne se