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souvenirs d’une actrice.

— Non, leur disais-je, point d’étrangers, c’est convenu entre nous ; s’il en était autrement, ces soirées seraient comme toutes les autres : vous feriez fuir la gaieté et le sans-façon, et vous ne vous amuseriez pas.

— Mais, me disait M. Effimowich, je suis un artiste, ne chantons-nous pas ensemble mes romances à deux voix ?

— Oui, et même avec grand plaisir, car elles sont charmantes, et vous les chantez à ravir ; mais chez moi nous faisons de la musique pour rire.

Il y avait à Moscou dans ce même temps un certain M. Relly, homme riche, magnifique, et tenant un très grand état de maison ; il possédait le meilleur cuisinier de la ville : aussi tous les grands seigneurs (qui sont assez gourmands) allaient-ils dîner chez lui. On le croyait Anglais ou Italien, car il parlait parfaitement ces deux langues ; il allait dans la haute société, et jouait gros jeu.

Comme je le voyais souvent chez ces dames, il me demanda la permission de me faire faire un petit pâté aux truffes, par son cuisinier, pour mes petits