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souvenirs d’une actrice.

nir dans leur chambre ; d’autant plus qu’il y a une espèce de four constamment allumé, dans lequel ils font leur pain et préparent leurs aliments : aussi dit-on, d’une chambre trop chaude : « C’est comme un hisbach. »

Les Russes passent d’une température à une autre, sans le moindre danger ; vous voyez les dwarnick (les portiers des maisons) travailler dans la cour, dégager la neige, en manche de chemise, et cependant ils sortent d’une chambre où vous étoufferiez. Leurs travaux terminés, ils remettent leur touloupe doublée de peau de mouton, et vont se coucher sur le haut du poêle, qui est brûlant.

Je n’étais que depuis un an à Saint-Pétersbourg, lorsque la guerre vint changer tous mes projets ; les étrangers durent se naturaliser ou quitter le pays. La plupart, espérant que cette guerre ne serait pas de longue durée, partirent, les uns pour Hambourg ou pour quelqu’autre pays voisin de la Russie, d’autres retournèrent en France. Ceux qui étaient établis depuis long-temps en Russie se naturalisè-