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souvenirs d’une actrice.

Grèce et à Constantinople. Aimeriez-vous à faire ce voyage ?

Je l’assurai que j’en serais enchantée, et qu’il me serait extrêmement agréable. La princesse se retira chez elle, car elle paraissait rarement à dîner, et je restai avec madame Wraschka. La promenade, la lecture et la causerie nous occupèrent jusqu’au moment où le monde commença à arriver. Nous étions dans un cabinet d’étude donnant sur le jardin ; une petite bibliothèque, des portefeuilles, des gravures, une multitude d’instruments de musique auxquels la princesse ne touchait presque jamais, et quelques corbeilles de fleurs, en faisaient l’ornement. Elle ne pinçait de la harpe ou de la guitare que lorsqu’elle était seule ; elle n’en faisait jamais jouir les autres.

Le prince d’E… nous a raconté que, pendant une saison de Tœplitz, où était la princesse, on l’avait vainement sollicitée de chanter la Belle de Scio ; qu’on s’était mis à ses genoux, qu’on avait employé toutes les séductions sans pouvoir rien obtenir ; mais que, quand tout le monde se fut retiré, et qu’elle supposa qu’on était enseveli dans un profond som-