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souvenirs d’une actrice.

C’était le docteur Legros, excellent chirurgien, et, de plus, homme d’esprit, ce qui ne gâte rien. Nous avons ri souvent de notre première rencontre sur les bords escarpés de la Moïka. Il me conduisit chez cette dame qui m’accueillit comme une bonne compatriote, et m’offrit ses services.

Elle me combla de prévenances et m’apprit que M. de la Maisonfort était en ville. Je lui écrivis pour le prévenir que j’avais une lettre pour lui.

Comme j’avais donné mon adresse chez une marchande de modes, il pensa que j’étais venue à Saint-Pétersbourg pour être demoiselle de magasin ; il ne crut donc pas devoir agir avec beaucoup de cérémonie. Quoique M. de la Maisonfort ne fût plus jeune, c’était encore un de ces charmants Français de l’ancien régime, de ces caractères légers à la Bièvre ; il passait pour un homme d’esprit, et il avait fait quelques mauvaises pièces et de jolies chansons. Il arriva le lendemain, et s’annonça d’une manière assez bruyante. Étant à broder dans une pièce voisine du magasin, j’entendis qu’il disait :

« — Une dame qui doit me remettre une lettre,