Page:Fusil - Souvenirs d’une actrice, Tome 2, 1841.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
144
souvenirs d’une actrice.

qu’elle gagna sa maladie. C’était sans doute son plus cher désir ; car, sans cesse penchée sur lui, respirant son haleine, elle ne pouvait manquer d’y puiser la mort.

De retour à Paris, sa douleur s’était changée en une espèce d’anéantissement. Lorsqu’on cherchait à la distraire de cette continuelle rêverie :

— Je pense à Félix, disait-elle.

Une autre fois :

— Je pense à Alexis.

— Mais vous vous tuez !

— Non, cela me fait plaisir.

Elle avait une si intime conviction qu’elle devait bientôt rejoindre ses enfans, qu’elle ne les regrettait plus. Talma la voyait aussi souvent que ses occupations le lui permettaient. Un jour qu’elle paraissait plus tranquille, elle lui dit :

— Voulez-vous venir dîner avec moi jeudi prochain, cela me fera grand plaisir ?

— Jeudi, je ne le peux, mais lundi pour sûr.

— Eh bien ! lundi.

Ils se quittèrent avec une sorte d’émotion, et