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souvenirs d’une actrice.

« La terreur ne reviendra jamais, j’en prends à témoin tous mes concitoyens. »

On applaudit avec fureur et l’on cria bis. Je répétai avec un très grand plaisir, et m’avançant sur la scène, je dis avec beaucoup d’énergie :

« Non, la terreur ne reviendra jamais ! »

A peine avais-je terminé cette phrase, qu’on me lança une pièce de monnaie en cuivre, appelée monneron, et presque aussi grosse qu’un écu de cinq francs ; elle me tomba sur la poitrine et me fit perdre l’équilibre. Fort heureusement j’avais un fichu très épais, mais si je l’eusse reçue à la tête, j’étais tuée. On ne peut se faire une idée des vociférations et du tumulte que cela occasionna : si l’on eût trouvé celui qui avait jeté ce monneron, il eût été écharpé. J’en éprouvai cependant beaucoup moins de mal qu’on pouvait le craindre ou qu’on l’avait espéré. On rejoua cette pièce le lendemain, et l’on peut penser combien je fus applaudie ; mais lorsque je redisais les mêmes phrases, je jetais involontairement un coup-d’œil furtif vers l’endroit d’où était parti le projectile.