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s’y fit le protecteur déclaré des filous et des filles publiques ; on y raconte comment il abusa de sa charge pour escroquer, par une manœuvre qui, selon le vocabulaire moderne, seroit qualifiée de chantage, le bénéfice d’un jeune abbé ; enfin, retournant une plaisanterie de Furetière contre lui-même, l’auteur prétend que le Roman Bourgeois, — ce détestable ouvrage — a éte dédié par lui au bourreau, comme au seul patron digne d’une telle œuvre. Ce mensonge, dont l’audace confond le lecteur, s’est néanmoins accrédité pendant deux cents ans près des esprits prévenus.

Furetière, dans son Dernier placet3, relève, sans y répondre, toutes ces turpitudes : il se plaint d’un gros volume, joint au dossier, qui a long-temps couru la ville, et dans lequel il est traité, dit-il, de bélitre, maraut, fripon, fourbe, buscon, saltimbanque, infâme, traître, fils de laquais, impie, sacrilége, voleur, subornateur de témoins, faux monnoyeur, banqueroutier frauduleux, faussaire, d’homme sans honneur, plein de turpitudes et de comble d’horreurs, etc.4. Après cela le grief d’infidélité littéraire n’est plus qu’une légèreté.

Ces aménités étoient alors d’usage entre savants, et, en rapprochant même les Factums de Furetière des libelles publiés par Saumaise et par Scaliger contre leurs


dans plusieurs endroits de ses écrits. Non, bien loin de vouloir donner une pareille idée de Furetière, j’avouerai toujours qu’il est un des meilleurs satyriques que nous ayons, et qu’il ne le cède en rien de ce côté à M. Despréaux. »

3. Dernier placet et très humbles remontrances à monseigneur le chancelier.

4. Voy. Dernier placet.