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breda47, qui tenoit le cabaret du Sabot, dans le Faux-bourg Saint-Marceau. Quelque laide pourtant que puisse estre une fille, elle n’est point choquée d’une fausse loüange, et ne croira jamais qu’on la raille, quoy qu’elle accuse les gens de parler avec raillerie ; elle ne donnera jamais un démenty à personne que par une feinte modestie. Quelque clairvoyant que soit son esprit, il ne sera jamais persuadé de ses défauts ; elle


ses odes, par un élan de franchise, plutôt encore que pour imiter l’ode d’Horace à Xanthias Proccus, il a dit :

Si j’aime depuis naguière
Une belle chambrière,
Hé ! qui m’oseroit blasmer
De si bassement aimer ?
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
Quant à moy, je laisse dire
Ceux qui sont prompts à mesdire.
Je ne veux laisser pour eux
En bas lieu d’être amoureux.

Il laissa dire, en effet ; après Cassandre, il aima Genêvre, qu’il avoit connue dans le même quartier, et qui, dit-on, n’étoit autre que la femme du concierge de la geôle de Saint-Marcel. — Tout le monde savoit ce qu’avoient de roturier et d’infime les amours de Ronsard. G. Gueret le donne à entendre dans son Parnasse réformé, p. 73, et on lit dans le Carpenteriana, p. 10, ce passage, qui confirme tout à fait ce que vient de dire Furetière : « Je ne suis point, ma guerrière Cassandre, etc. Sa mademoiselle Cassandre, qui étoit, à ce qu’on dit, une cabaretiere, n’y pouvoit rien comprendre, non plus que bien d’honnestes gens d’à présent. »

47. Ce mot s’employoit tantôt au masculin, tantôt au féminin, mais toujours en mauvaise part et pour désigner une personne mal bâtie. Voiture, et après lui Tallemant (Historiettes, 2e édit., t. 10, p. 136) l’ont mis au masculin.