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L’HOMME À L’HISPANO

raison, imposés par les circonstances au plus sincère de tous les hommes. Jusque-là, Georges et Stéphane avaient été pris dans leur amour comme des graines dans le van. Ils s’étaient sentis soulevés par une lame et engloutis. Confiants dans les apparences, ils n’avaient pas eu le loisir ni l’idée de s’interroger sur les choses de leur passé. Maintenant, ils étaient l’un à l’autre. Le lien physique crée plus de confiance en une seule heure, que des années d’amitié ; la nudité des âmes ne vient qu’après celle des corps. Ceux qui le nient ne savent point. C’est quand ils ont dormi enlacés et mélangé leurs souffles que les amants ouvrent leurs cœurs.

Or, pour Stéphane, c’était le soir même du don.

Elle se penchait vers Georges et sans inquiétude l’interrogeait. Elle voulait des détails de sa vie. Elle avait dit la sienne, éclatante et visible. Elle avait dit que rien dans son âme ne s’était passé depuis le mariage et, d’un mot, avec une douloureuse dignité, elle avait précisé qu’on l’avait mal mariée. C’est tout.


Ce soir-là, tous les événements qui allaient suivre pour Dewalter faillirent être empêchés. Il eût suffi, pour qu’ils le fussent, qu’il entrât dans la pièce voisine. Au lieu de choisir le grand salon de la villa pour l’accueillir, si Stéphane l’avait conduit dans le petit, celui d’angle et qui n’avait pas la vue sur la mer, le destin de cet