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L’HOMME À L’HISPANO

du côté des terrains inoccupés. Par instants, à intervalles réguliers, au sommet de la rue, le phare hoquetait.

Georges s’avançait, n’entendant d’autre bruit que le lèchement continuel de l’eau sur les cailloux et le rythme précipité de son cœur. Il n’avait jamais eu la fortune de venir ainsi, la nuit, à un rendez-vous furtif, conçu dans une atmosphère romanesque et d’être attendu par une maîtresse précieuse. Il en éprouvait une exaltation. En même temps, cela lui semblait tout simple : il était bien né pour l’amour. Enfin, il fut devant la villa.

Il s’arrêta et demeura quelques minutes immobile. Il n’osait point sonner, ni faire aucun appel. Comme son amie n’apparaissait pas pour lui ouvrir, il ne sut que faire et il se demanda s’il n’était pas venu vainement. Il craignit quelque empêchement. Mais, au premier, les rideaux furent tirés ; la fenêtre s’entr’ouvrit ; il entrevit Stéphane. Dans l’ombre, elle murmura qu’elle descendait. Alors, il se sentit l’orgueil d’un roi,

Il y avait en bas, élevée sur deux marches, une porte double et devant laquelle montaient de larges barreaux. Cette porte était dans un renfoncement. Cela faisait comme une baie sombre dans la façade, une alcôve où se tenir debout. Il entendit Stéphane qui l’appelait. Derrière les barreaux, elle avait ouvert une glace dépolie. Il fut sur les marches et elle tendit les bras. Il sentit les douces mains sur son visage. Ils étaient