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L’HOMME À L’HISPANO

ou mauvaises. On savait. Mais de Georges Dewalter on ne savait rien. Quand lady Oswill fut près de lui et sa table occupée par cinq personnes, il cessa d’être en vue. Il n’était plus qu’une unité dans un groupe qu’on pouvait nommer. Mais aussi longtemps qu’il resta seul, il intéressa les femmes et quelques hommes, toujours à l’affût des rivaux.

Il n’avait remarqué personne. Il était loin, plus loin qu’à l’étranger et comme dans un songe étonnant. L’ironie de sa situation s’était éclipsée de son esprit. Il attendait Stéphane. Demain, elle serait à lui. L’avenir s’arrêtait là. Cet être délicat, sensible comme un enfant, cet homme honnête ne se disait même pas que celle qui s’était promise espérait sans doute de lui les longs jours d’un amour fidèle. S’il y avait pensé, peut-être se serait-il enfui sur-le-champ. Mais la taquinerie du destin semblait avoir ouaté sa raison. Quand l’héritière des Coulevaï fut près de lui, sa merveilleuse léthargie s’augmenta. Il était à ses côtés. Il la voyait, il la respirait. Elle le regardait avec son sourire. Le pauvre vaincu s’endormait dans cette victoire de rencontre.

le plus remarquable était qu’il fût brillant. Il le fut. Toutes les fumées de sa riche enfance remontèrent dans son cerveau. Il conduisit avec agilité la conversation à bâtons rompus, évitant les embûches, disant toujours ce qu’il fallait. Un