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L’HOMME À L’HISPANO

Elle lui jeta d’un trait :

— Vous pouvez vous découvrir.

Il y eut un temps. Ils étaient l’un devant l’autre, affrontés. Il regardait Stéphane et, mieux qu’à l’habitude, il voyait sa splendeur. À cette minute, il l’aurait achetée. Pourtant, il se sentit pauvre et sans armes. Alors il dissimula, rompit et changea la conversation. Il voulait se renseigner, en savoir plus. Il rassembla toute sa force pour s’obliger à l’indifférence et, dans le salon, il marcha.

Il demanda :

— Qu’est-ce que vous faites, ce soir ?

Elle répondit :

— Je vais à Ciboure, danser…

Elle ajouta, sans discerner si c’était par prudence ou par bravade :

— Je ne vous empêche pas de venir.

Il y avait entre les dents d’Oswill comme un petit bruit de vipère. Les yeux dans le vide, il sifflotait. Il insista, négligeant, sans la regarder :

— Qui y aura-t-il ?

Elle décida de ne rien taire. Elle dit :

— Il y aura Deléone, sa femme et un ami…

— Deléone, sa femme… et un ami…

Stupéfait, il s’arrêta, après avoir répété la réponse. D’un coup, comme se lève le rideau sur le théâtre de Polichinelle, la vérité lui apparaissait. Il en éprouva un éblouissement, une stupeur