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L’HOMME À L’HISPANO

— Allo ! dit-il. Bonjour… Eh bien, c’est comme ça que vous êtes au Sénégal ?

Dewalter s’était retourné. Encore mal sorti de ses pensées, il contemplait avec étonnement le personnage.

Oswill souriait, l’air engageant :

— Vous avez l’air stupéfait. Moi aussi… Vous me reconnaissez, j’espère ?

La phrase tombait juste. Une seconde plus tôt, elle eût été prématurée. Sous l’accoutrement de golf, Dewalter avait eu besoin de quelques instants pour retrouver en Oswill le voyageur avec lequel, dans le train, il avait fait le trajet, huit jours auparavant, de Paris à Bordeaux. Maintenant, il le revoyait autrement vêtu, dans l’angle du wagon, avec, à la place de la pipe, un long cigare interminable. Oswill souriait toujours, la main tendue.

Dewalter courtoisement se leva. Il dit, pour dire quelque chose :

— Excusez-moi, je m’attendais si peu…

— Moi non plus, répondit Oswill. Vous voulez que je m’assoie avec vous ?

— Je vous en prie.

Le barman apporta la consommation. Oswill expliqua :

— C’est mon gin…

Il s’était installé et il continuait, jovial :

— Eh bien, vous devez ressembler à votre grand-père ? Je ne le connais pas… Mais j’imagine