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L’HOMME À L’HISPANO

ne finissait pas de remuer l’œil gauche et de lancer rapidement son regard dans toutes les directions. Il avait rêvé, en les déformant, à des aventures d’autrefois, grâce auxquelles il était mieux pour lui de ne plus vivre en Angleterre. Il n’y était point déshonoré, mais, à force d’extravagances, indésirable. Il avait rêvé. Il s’était revu au centre de l’institut modèle qu’il avait créé, à deux minutes d’Hyde Park, dans le fameux but d’étudier l’amour chez les coléoptères. En songe, il venait de parcourir le temps en marche arrière. Furieux de se réveiller à Biarritz, il prolongeait sa déconvenue en faisant d’affreuses grimaces. Il avala sa quatrième tranche de melon d’eau et, sur le plateau, tant à côté de l’Eno’s Fruit Salt, il aperçut une lettre. Il ouvrit alors son œil droit, le noir, s’assit commodément, alluma une cigarette et décacheta la lettre. L’ayant lue, il siffla deux ou trois minutes, sonna le valet, et allègre, soudain dispos et frais comme un homme à jeun, il se mit en devoir de s’habiller pour le golf. Un second valet l’accompagna dans la salle de bains. Le premier valet resta seul ; il débarrassa le lit et lut la lettre déployée. C’était, venant de Casablanca, l’offre d’un courtier en terrains. Il proposait l’achat d’une espèce de territoire. Le valet hausse les épaules et s’en alla. Dehors, le temps était beau. Un air léger de mai circulait sur la mer. On entendait au loin, vers l’hôtel du Palais, les