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L’HOMME À L’HISPANO

Encore, pour le savoir, fallait-il qu’il eût de la mémoire ; il y a longtemps, bien longtemps, que la chambre de l’épouse lui était fermée et plus longtemps encore qu’il ne l’avait étendue sur les fourrures parmi lesquelles, présentement, il venait d’ouvrir son œil gauche. Jeune fille, et dédaigneuse d’imaginer, elle s’était mariée, quatre années auparavant, sur le conseil impérieux de son père. Oswill était de grande maison. Quand il le voulait, sa puissance n’était pas sans charme ; mais, destructeur, il s’était lui-même détruit. Lady Oswill, maintenant, l’ignorait.

Tandis qu’il dormait encore, le domestique était entré, puis ressorti. Il avait laissé, près du lit, le déjeuner habituel, à côté d’un verre à soda et de deux bouteilles. L’une contenait l’eau d’Évian, l’autre une poudre blanche, connue de ceux qui boivent trop de vin de Champagne, la nuit, et qu’on appelle Eno’s Fruit Salt. Il y avait aussi le thé bouillant, des citrons en quantité et un melon d’eau. Grâce à ces eaux, à cette poudre et à ces fruits, sir Oswill — après le bain froid et le bouchonnage — pouvait se mettre en route aussi dispos que s’il n’avait, quelques heures auparavant, absorbé assez de Pomery, de gin, de vieille fine, assez de mixtures de toutes sortes pour foudroyer un chimpanzé.

Depuis longtemps, ce jour-là, — deux heures de l’après-midi comme à l’ordinaire, — sir Oswill