Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/301

Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
l’homme à l’hispano

répètent ce qu’ils savent trop. Il y avait auprès d’eux un grand fauteuil. Il y fit asseoir Montnormand et il s’assit à côté de lui, sur l’un des bras du meuble. Ainsi il dominait son confident. Il le tenait prisonnier, pouvant à son gré l’empêcher de se lever. Il se penchait ; il disait les mots lentement :

— Écoutez-moi, mon vieux… Ramassez votre cœur et tenez-le solidement, hein ?… J’ai trouvé le moyen, le vrai, le seul, le moyen de durer : je vais me tuer.

— Tu es fou ! dit Montnormand.

Il était devenu d’une pâleur de cire et jamais visage humain n’exprima mieux le bouleversement d’un cœur faible. Il voulut se dresser. Mais Dewalter le maintenait.

— Fou ? dit-il… non, mais le plus sage des hommes. Écoutez-moi. D’abord un détail : voici un testament en règle, dans cette petite enveloppe…

Le vieil homme, trop frappé, ne faisait pas un mouvement. Il sentit Georges mettre le papier dans la poche de sa jaquette à côté du beau mouchoir à pois noirs. Et, vaguement, il entendait les mots :

— Il me reste tout juste, à Poissy, une petite maison dans laquelle ma mère est née. Elle vaudra, vendue, les quelques billets que vous m’avez prêtés. Avec ce qui me reste de ces billets, j’ai acheté l’autre jour, à Pau, une babiole pour