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l’homme à l’hispano

fit deux pas vers la fenêtre. Il voyait le parc et l’étang.

Il revint et dit :

— Cette nuit même, je m’en irai.

Oswill, impassible, lui tendit le chèque. Il le prit. Il l’examina :

— Il est très régulier… Pour vous ce n’est rien.

— Rien.

— Pour moi, émigrant, c’est la vie…

— Vous avez de quoi faire une fortune, jeta son vainqueur avec négligence.

Et, dans un lourd étui d’or, il prit une cigarette. Dewalter le regardait. Un mépris, un détachement de tout montait sur sa figure soudain plus belle :

— Voulez-vous du feu ? dit-il.


À l’une des bougies du candélabre, il alluma le chèque. Il tendit le papier enflammé. Il n’avait aucune peine à brûler une fortune, parce qu’il était épuisé. Depuis quinze jours, il avait atteint les limites de la fatigue nerveuse et il ne pensait plus qu’à se reposer.

Oswill grimaça de fureur. Il s’avançait, hors de lui :

— C’est bien, gronda-t-il. Je m’en doutais. Puisque vous refusez, puisque vous ne voulez pas partir de bon gré…

— Taisez-vous, dit Dewalter brutalement.

Oswill, à cette voix soudain de chef, s’arrêta.