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l’homme à l’hispano

avec précision, il lui fit comprendre les vœux qu’il formait pour son bonheur.

— Je la revois jeune fille, dit-il à Dewalter. Elle était une rude cavalière dans nos petits escadrons. Elle me dépassait toujours et le maître d’équipage, en se retournant, était certain de l’apercevoir d’abord derrière lui. Depuis trop longtemps, elle avait renoncé à tous les beaux plaisirs simples de la vie. Mais nous allons la retrouver.

Elle riait, contente de la confiance qu’il faisait aux vertus heureuses de son amour, et vraiment avec la joie neuve d’une femme dont la vie vient à peine de commencer. Ils sortirent. L’air était doux, presque chaud, parfumé, et la fraîcheur du crépuscule avait disparu. Dans la nuit lumineuse, les grandes montagnes se dressaient là-bas, comme un mur sombre. Les pas résonnaient sur le pavé tranquille. Stéphane s’arrêta devant la boutique d’un antiquaire et Baragnas s’en alla. Elle voyait, dans la vitrine, un collier qui lui semblait beau, une espèce de rivière composée de brillants anciens. Georges exprima l’idée d’entrer pour examiner le bijou.

Le marchand, jaune et bouffi, faisait l’article avec un accent italien et, derrière lui, sa femme, grasse et lustrée, renchérissait. Ils étaient obèses et accablés par leur existence sédentaire. Ils vivaient, le jour et la nuit dans un amoncellement de meubles, d’étoffes, de bibelots, de vais-