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l’homme à l’hispano

et elle n’avait de romanesque que sa bonne foi.

Pendant deux semaines, ils ne virent qu’eux-mêmes, dans un univers rétréci, entre les bornes du domaine. Maintenant, Georges le connaissait parfaitement. Il savait les arbres, les champs, la ferme aux animaux nombreux, les dessins des allées du parc, de celles même où l’on ne passait plus. Ils s’y étaient aventurés. Il n’ignorait aucun recoin du château ; il aurait dit le mobilier des appartements, décrit le paysage de chaque fenêtre. De celles de leur chambre, on découvrait la plus belle partie des jardins : au loin, la lisière d’un bois de chênes, de châtaigniers et, tout près, à deux cents mètres, l’étang, l’étang périlleux, protégé par Stéphane, Il n’y avait pas jusqu’au petit pont, rongé d’insectes et pourri par les pluies de vingt années, que Dewalter ne connût point. Il ne l’avait pas traversé, mais, un matin, se promenant seul dans le parc, il en avait compris la fragilité et, qu’au moindre fardeau, il s’abîmerait.


Stéphane était heureuse de voir son ami s’intéresser à sa maison. Elle déclarait :

— Je ferai la même chose quand j’irai chez toi.

Il la regardait. Un jour, il lui dit :

— La vie est un voyage, Quand on est riche et sensible aux visions, on voyage pour peupler sa tête. À la fin, au moment de partir vers