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l’homme à l’hispano

Elle ne répondit pas, mais sur son beau visage tout son amour s’inscrivait. Elle pensait à la tendresse de Georges, à sa flamme charmante, à son soin constant de s’orner pour lui plaire, à tant de choses délicates qui le faisaient incomparable. Elle songeait qu’il était né délivré des soucis de la vie pour avoir le temps d’aimer, comme d’autres sont dispensés de la lutte des cités pour avoir le loisir de prier dans les temples. Non, certes non, l’oisiveté et la fortune ne l’avaient pas gâté.

Oswill la contemplait de ses yeux bicolores. Il lisait dans son esprit.

— Je l’envie, dit-il. Elles m’ont gâté, moi !

Il sembla à Stéphane qu’ils avaient tout dit. Elle était libre. Une entrevue, si correcte fût-elle, entre Oswill et Dewalter, lui déplaisait, mais elle avait confiance dans la délicatesse de son ami. Elle ne craignait point qu’il fût jaloux du passé. Au contraire, la vue de ce mari, si manifestement étranger à elle, ne pouvait que détruire chez Georges tout sentiment possible de cette nature. Elle savait la netteté de son cœur et ne l’imaginait pas s’attardant à des visions mauvaises. Mais, surtout, elle, comprenait qu’elle ne pouvait plus éviter la rencontre. Oswill l’avait décidée. En l’examinant, elle le vit calme, l’air un peu triste et bienveillant. Elle fut rassurée. Alors, dans l’antichambre, ils entendirent que Georges entrait :