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l’homme à l’hispano

Il insista, l’air sans péril :

— D’avance ?

— Oui, répéta-t-elle avec bonté… Oui… C’est bien le moins, aujourd’hui.

Il parut enchanté. Il la savait incapable, une promesse une fois donnée, d’en marchander l’exécution. Il parla d’une voix déjà plus nette :

— Je veux annoncer moi-même à M. Dewalter mon abdication, votre bonheur et son heureuse fortune.

Choquée, elle refusa. Il recommença de sourire et lui dit qu’elle avait promis.

— Quel est votre but ? demanda-t-elle.

Il lui répondit :

— Je veux qu’il me connaisse.

Il ajouta qu’elle n’avait rien à craindre et qu’entre gens du monde aucun scandale n’était possible. Au moment de son sacrifice, il trouvait juste de pouvoir juger par lui-même celui auquel il s’immolait. Il avait un aspect rassurant, l’aspect d’un vaincu qui a pardonné. Elle crut que sa manie de l’expérience survivait à sa méchanceté.

— Vous n’allez pas lui chercher querelle ? dit-elle.

Il prit un air chagrin et secoua la tête :

— Non, affirma-t-il. Certes non. Si vous n’étiez encore lady Oswill, je le féliciterais plutôt d’avoir toutes les vertus qui me manquent… L’oisiveté et la fortune ne l’ont pas gâté.