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l’homme à l’hispano

— À quoi pensez-vous, Oswill ? demanda-t-elle.

Il dit avec une grande douceur :

— Je pense à ce que je vais faire…

— Qu’est-ce que vous allez faire ?

Son expression devint angélique. Il répondit :

— Je vais divorcer.

Elle s’attendait à tout, mais pas à cela. Elle le savait obstiné et restait stupéfaite de le voir s’avoue ? vaincu. Elle n’en croyait pas ses oreilles. Mais il souriait toujours, et d’un air si paterne qu’elle fut désarmée.

— Je vous remercie, dit-elle. Vous allez au-devant de mes désirs. Je ne vous aurais pas demandé ma liberté entière. Je la souhaitais, mais je ne voulais pas vous abandonner. Puisque vous me l’offrez…

— Je fais plus que vous l’offrir, répondit-il. Je veux que vous soyez entièrement libre, et seule, devant le héros que votre cœur a choisi. Vous me remerciez ? Il n’y a pas de quoi. Me mettre en travers de votre bonheur ?… Je n’aurais eu garde.

Une joie horrible était en lui. Il faisait des efforts surhumains pour ne pas la montrer, voulant tromper Stéphane jusqu’au bout. Et, vraiment, elle ne pouvait pas ne pas le croire sincère, tellement il cachait sa pensée obscure. Il avait pris un air un peu cocasse et semblait s’attrister sur lui-même.

Il dit :