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l’homme à l’hispano

— Vous voyez, dit-il, je suis loyal ; je ne cherche pas à démolir votre idole et, sans doute, je ne le pourrais pas. Je vous connais ; vous n’êtes pas sans honneur et sans fierté. Vous êtes de plus avisée ; M. Dewalter, pour vous plaire, a certainement toutes les vertus.

Elle répondit :

— Il les a.

Il s’inclina poliment ;

— Il les a. Vous n’êtes pas de ces amoureuses sans jugement et qui peuvent se tromper sur la valeur morale et marchande de l’homme qui les intéresse. M. Dewalter, je le reconnais, est inattaquable.

— Et alors ?

— Et alors, c’est ennuyeux pour moi…

— C’est heureux pour moi, dit-elle.

Il sourit ; son sourire était un chef-d’œuvre. Un grand acteur n’aurait pas fait mieux. Il y avait, dans ce sourire, de la bonté, du regret, une ombre de tendresse, un relief d’amertume, mais de l’ironie, pas du tout, oh ! pas du tout. Stéphane n’avait plus devant elle qu’un honnête homme qui, courageusement, faisait l’éloge d’un ennemi. Et même, il insistait :

— Sans doute, il est intelligent, loyal. Il est sincère… Il est riche…

Il ne la regardait plus. Il restait l’œil perdu dans le vide et comme un homme braqué sur une idée.