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l’homme à l’hispano

rictus d’animal méchant, mais, brusquement, il trouva la force de se détendre et il continua d’un ton conciliant, avec des gestes mous :

— Tenez, parlons gentiment, voulez-vous ? Gentiment… Je ne vous aime pas, vous n’êtes pas ma femme, c’est entendu ! Vous n’êtes pas ma femme, mais vous l’avez été. Vous portez encore mon nom… et, comme j’ai dit en entrant, je peux toujours venir où vous êtes.

Il s’arrêta, satisfait d’avoir précisé ce point. Elle l’écoutait sans rien manifester, impatiente de savoir ce qu’il voulait, un peu inquiétée par ses manières, tout d’un coup irréprochables, et prête à la riposte. Mais elle gardait devant lui une attitude souveraine ; ses belles lèvres étaient closes ; elle cachait la flamme de ses yeux sous l’ombre de ses cils tandis qu’il continuait, et maintenant sans la regarder, comme s’il eut craint lui-même d’être dévisagé :

— Je rentre de voyage. Je vais à Biarritz, vous n’êtes pas à Biarritz. Je vais au Ritz, vous n’êtes pas au Ritz. Je suis votre femme de chambre et je vous trouve… ici… chez M. Dewalter, qui est certainement… un gentleman, un homme très bien et, de plus, dans la situation de vous aimer…

Il suspendit son discours et, cette fois, il l’examina. Il vit que rien dans ses paroles ne paraissait ironique à cette femme. Alors, désormais sûr de lui, il continua :