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l’homme à l’hispano

joie trop pleine d’angoisse, comme dans ces nuits sereines de l’été, quand la lune semble dangereuse…

— Je n’ai pas remarqué… Je ne suis pas une intellectuelle, dit Pascaline avec entrain.

Elles avaient atteint le haut de l’avenue des Champs-Élysées. L’heure était chaude et cendrée et la lourde silhouette de l’Arc de Triomphe se découpait, pesante et massive, sur la dernière lueur du couchant. De rapides voilures, silencieuses comme des oiseaux nocturnes, parcouraient la voie luxueuse et, de minute en minute, le ciel perdait ses reflets. Il n’y avait aucune hâte chez les passants.

Stéphane s’arrêta au coin de la rue Lord-Byron.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Mme Rareteyre.

— Georges habite ici. Il te priera un jour pour le thé.

— Je viendrai certainement, acquiesça la rieuse jeune femme. J’aime cet homme qui te rend heureuse et je veux l’en complimenter.

— Tu pourras le faire, répondit lady Oswill

Sa voix était douce et profonde et toute son ardeur et sa joie angoissée s’y distillaient subtilement.


Quand elle fut dans le salon où Georges l’attendait, elle le trouva dans l’ombre. Il n’avait