Page:Frondaie - L'Homme à l'Hispano - 1925.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
L’HOMME À L’HISPANO

Stéphane Coulevaï, rien ne lui semblait superflu.

Elle n’avait qu’une rage obscure : penser que le vilain Anglais profiterait de ses bons soins. Elle ne doutait point de voir apparaître tout à l’heure sa tête de cochon des bois. Souvent, elle se le désignait ainsi, à elle-même, et elle en riait en silence. Mais Oswill lui inspirait une peur bégayante. Il s’amusait à lui donner des noms bizarres et jamais le sien. Cela encore augmentait sa haine. Elle disait :

— Vois-tu, Nicolaï, il est rasé, ce vilain Anglais. Mais c’est, tout de même, un Barbe-Bleue.

Nicolaï, sec et respectueux, répondait qu’on ne doit pas se mêler des affaires des maîtres. Pourtant, ils furent réjouis quand ils virent Stéphane sans son mari. Antoinette n’osa point se demander quel était ce monsieur inconnu qui le remplaçait. Mais elle eut le cœur content de remarquer combien ses manières étaient charmantes auprès de lady Oswill, sa voix douce quand il lui parlait. Stéphane, joyeuse de retrouver sa nourrice, l’embrassa. Nicolaï, ému, plaisantait :

— Madame est toujours la même, tout comme lorsqu’elle était petite fille ; elle a du goût pour les vieilles pommes.

Ils conduisirent les maîtres dans la salle à manger. De riches boiseries d’autrefois garnissaient les murs et, sur ces boiseries, dans des cadres sculptés aux ors éteints, il y avait des