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SUR L’HISTOIRE DE FROISSART.

reur, déposent contre lui dans les termes les plus formels. Il semble même que les lecteurs, prévenus par les liaisons que Froissart eut avec les Anglais, peuvent avoir quelque raison de se défier de tout ce qu’il rapporte à leur avantage. Il commence, en effet, par dire qu’il avait écrit à la sollicitation de Robert de Namur, proche parent de la reine Philippe de Haynault et vassal de la couronne d’Angleterre, qu’il servit très-utilement contre la France. Ailleurs, il nous apprend qu’il avait esté de l’hostel d’Édouard III, le plus cruel ennemi des Français, et que la reine sa femme, dont il était clerc, l’avait non-seulement mis en état par ses libéralités, de faire plusieurs voyages pour enrichir son histoire, mais qu’elle avait payé généreusement ses travaux. Enfin, les vingt-six premiers chapitres de sa chronique, roulent uniquement sur l’histoire d’Angleterre, ce qui est cause qu’elle a été intitulée Chronique d’Angleterre dans plusieurs manuscrits. De-là on a conclu que Froissart étant si particulièrement attaché à la cour d’Angleterre, il ne pouvait être qu’un partisan outré de cette nation, et l’ennemi de ses ennemis. Il n’en fallait pas davantage, pour que les traits qui auraient paru les plus innocents dans la bouche de tout autre historien, fussent dans la sienne des traits empoisonnés. Mais afin que l’on puisse juger si ce soup-