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DE JEAN FROISSART.

en la compagnie des Gascons au pays de Guyenne sous Charles d’Artois, comte de Pezénas.

Pour ne point interrompre le fil de la narration j’ai renvoyé ici, à la fin de ce mémoire, l’examen d’un passage des Poésies de Froissart[1], qui indique en termes obscurs une des principales circonstances de sa vie. Il rappelle les fautes de sa jeunesse, et se reproche sur-tout d’avoir quitté un métier savant, pour lequel il avait des talents naturels, et qui lui avait acquis une grande considération (il paraît désigner l’histoire ou la poésie), pour en prendre un autre beaucoup plus lucratif, mais qui ne lui convenait pas plus que celui des armes[2], et qui lui ayant mal réussi, l’avait fait décheoir du degré d’honneur où le premier l’avait élevé : il veut, dit-il, réparer sa faute, et revenant à ses anciens travaux, trans-

  1. Dans son Buisson de Jeunesse, page 338 et suiv. de ses poésies mss. Cette pièce est incontestablement postérieure à l’an 1370, puisqu’il est fait mention de la croisade en Prusse qui s’était faite cette année : mais elle ne fut composée vraisemblablement qu’encore bien long-temps après, puisqu’elle est une des dernières du recueil qui fut fini en 1393, et qu’elle précède immédiatement le Dict du Florin, composé à Avignon lorsqu’il y repassa en 1389 ; il s’y donne comme un homme vieux et chenu.
  2. Or me cuiday trop bien parfaire
    Pour prendre ailleurs ma Calendise,
    Si me mis en la marchandise,
    Où je suis ossi bien de taille,
    Que d’entrer en une bataille
    Où je me trouverois envis, etc.

    P. 338, V.o et 339, R.o.